Astoria a passé toute sa vie à Hamilton. ≈ Adorant la peinture et le dessin, elle a hérité du côté artistique de sa mère. ≈ Déjà petite, elle a toujours eu du mal à exprimer oralement ses émotions, ses sentiments. ≈ C'est à travers ses peintures qu'elle arrive à se dévoiler. ≈ C'est une adepte des jeux vidéos, elle peut rester des heures devant son ordinateur à jouer en ligne. ≈ C'est une famille nombreuse avec trois enfants, que des filles : Aëlys, Astoria et Anaëlle. ≈ Elle a toujours été très proches de sa famille, jusqu'à cette tragédie il y a dix ans. ≈ Ses parents ont eu un accident de voiture et la mère est morte sur le coup. ≈ C'est son père, ivre au volant, qui a causé cet accident. ≈ Les Crowley se sont déchirés depuis ce jour. ≈ L'aînée est partie de la maison et Astoria a endossé le rôle de la mère pour sa petite soeur, en plus de s'occuper de son père qui est tombé dans une profonde alcoolémie. ≈ Même lorsqu'elle est entrée dans la confrérie Satyroi, Astoria rendait souvent visite à son père l'aider dans son quotidien. ≈ A l'université, elle est complètement différente. Elle se sent revivre et ne s'occupe de personne d'autres qu'elle-même. ≈ Astoria partage sa chambre avec deux autres gars. ≈ Très investie dans les clubs universitaires, elle fait partie du club informatique et celui de radio. ≈ Son projet professionnel est de devenir concepteur de jeux vidéos ou, à défaut, web designer. ≈ Elle s'est inscrite à l'option peinture. ≈ Elle fréquente depuis peu, bien que "fréquenter" soit un large mot, un gars de la confrérie foinix. ≈ Ce même gars est en guerre avec son père, ils sont voisins. Il s'avère qu'elle est la cible d'un défi entre les deux.
" t'es toujours derrière lui, astoria. ca te perdra un jour ! "
Six mois que maman est morte. Plus rien n'allait dans la famille. Aëlys menaçait de quitter la maison, n'en pouvant plus de notre père et de son alcoolémie. Il était déjà porté sur la boisson mais le décès de notre mère a encore plus empiré ce fait. Ma soeur cadette était trop jeune pour comprendre ce qu'il se passait entre ses murs et je tentais tant bien que mal à la consoler et la rassurer. Je la berçais tous les soirs en lui chantant une chanson que maman avait l'habitude de fredonner. Du haut de mes quinze ans, j'étais en charge de la maison. Aëlys sortait toujours à droite et à gauche, se moquant bien de la situation de notre père. Elle ne voulait rien savoir de lui et le rendait coupable de tous nos maux. Elle n'avait pas tord dans un sens. Mais sommes-nous pas censés être unis dans ces moments difficiles ? Ce soir encore, comme de nombreux soirs, le téléphone de la maison retentit. Aëlys me hurlait d'aller décrocher, elle était sous la douche. Anaëlle dormait paisiblement dans sa chambre. Je décrochais. C'était encore une fois le propriétaire du bar en bas de la rue. Je baissais les yeux. J'avais honte de l'image de notre famille au yeux de nos voisins. Je n'ai rien dis à ma grande soeur. J'ai simplement enfilé ma veste et j'ai marché en direction de l'établissement. Mon père était ivre mort sur le comptoir. D'après le barman, il venait de s'engrainer avec des clients.
« Allez, viens papa. » Lui disais-je doucement pour pas le brusquer. Je passais son bras sur mes épaules et je l’entraînais en direction de la sortie. Un taxi pour le retour, je priais le ciel pour qu'il ne vomisse pas sur la banquette arrière.
Arrivée à la maison, Aëlys nous surprit et je savais très bien que j'aurai le droit à un nouveau sermon. J'ai rapidement couché mon père, trop inconscient pour tenir une conversation. En remontant dans ma chambre, j'ai retrouvé Aëlys assise sur mon lit.
« Il s'est encore fait viré du bar ? » Me questionnait-elle. Ses bras croisés sous sa poitrine, elle avait le visage dur. Son comportement l'exaspérait. J'ai hoché de la tête avant de m'installer à côté d'elle sur le lit. Elle soupirait bruyamment.
« Tu aurais dû le laisser se faire embarquer par les flics ! » S'exclamait Aëlys. Je me laissais lourdement tombée sur le draps de mon lit en fermant les yeux.
« On aurait quand même dû aller le chercher le lendemain. » Ajoutais-je. Je n'appréciais guère cette situation, tout comme elle. Mais qui le soutiendrait si ce n'était moi ? Elle se levait de mon lit pour se planter devant moi, un air grave au visage.
« Tu es toujours derrière lui, Astoria. Ca te perdra un jour. » Finissait-elle. Je n'ai pas répondu, je mesurais l'ampleur de ses paroles. Et si elle avait raison ? Si au final, c'était moi la perdante dans l'histoire en voulant faire ce qui me paraît juste...
" - tu es vraiment cinglé.
- oui mais au moins t'as accepté mon rendez-vous. "
Installée sur un des canapés du starbuck de la ville, je buvais un cappuccino en compagnie de membres de ma confrérie. Je m'étais proposée pour donner un coup de main sur l'organisation de la prochaine soirée. Sur la table basse à notre disposition, des dizaines de papiers. Des affiches pour promouvoir l'événement. Même si ça me prenait un temps considérable, ça me permettait néanmoins de me vider la tête et de consacrer un peu du temps à autre chose que mon père. En levant les yeux vers la salle, je remarquais immédiatement un homme qui venait de passer la porte.
« Oh non, pas lui... » Murmurais-je en tentant de cacher mon visage de ma main. Espérant un miracle pour qu'il ne s'aperçoit pas de ma présence. La discrétion chez mes amis ne sont vraiment pas l'une de leurs plus grandes qualités. Entre les
"qui ?",
"où ça ?" qui jaillissaient de chacun d'entre eux, impossible de ne pas se faire remarquer. Je leurs expliquais rapidement la situation. Cet homme en question est un foinix, qui en plus de ça est le voisin direct de mon père. Il est venu m'accoster un soir où je partais de la maison familiale. Je l'ai repéré de loin avec son air de dragueur et de mec populaire. Inintéressant. Pourtant, il m'avait proposé de sortir un soir prendre un verre, que j'ai refusé. C'était il y a deux semaines. Depuis, il ne cesse d'insister à chaque fois qu'il me croise. Je trouve qu'on se voit par hasard un peu trop souvent d'ailleurs.
« Astoria, comme on se croise à nouveau ! » s'élançait-il, un large sourire sur ses lèvres comme à son habitude. Je me redressais alors, impossible de se cacher davantage. Un faible sourire qui se voulait poli sur mes lèvres, je lui lançais :
« C'est fou, oui. Si je te connaissais pas aussi bien, je pourrais même dire que tu me harcèles. » Répliquais-je, un pointe d'ironie dans le ton de ma voix. Il se mit à rire. Il était accompagné de quelques collègues, sûrement des autres membres de sa confrérie. Encore une fois, il me proposait ouvertement de prendre un verre avec lui le soir-même. Proposition à laquelle il eût la même réponse :
non. Je n'aimais absolument pas être mis en avant comme à cet instant. Tout le starbucks portait son attention sur nous et j'avais horreur de ça. Être le centre de tous les regards me mettaient toujours mal à l'aise. Et je crois qu'il a cerné ce petit problème.
« Que faut-il pour que tu me dises oui, Astoria ? Que je te chante une chanson tel un film à l'eau de rose ? » S'exclamait-il en riant. Je soupirais en secouant la tête. Il était désespérant. Je fis mine de l'ignorer pour recommencer à discuter avec mes amis de notre projet. Mais il était loin de vouloir abandonner. Cela ne doit pas être un mec qui s'avoue vaincu facilement. Il se mit réellement à me chanter une chanson, se mettant en scène comme un véritable film. Je le regardais avec des yeux exorbitants. La salle entière avait les yeux rivés sur nous. J'avais envie de rire, il chantait affreusement mal. Mais je ne voulais pas lui donner la satisfaction d'être sur le point de me faire craquer. Puis il m'attrapait la main pour me tirer vers lui et me faire valser en arrière sous le regard amusé des clients.
« Arrête, arrête ! C'est bon, j'accepte ! » Hurlais-je limite pour qu'il arrête. Je riais. Il se stoppait net, abordant un fier sourire aux lèvres.
« Tu acceptes quoi au juste ? » Me questionnait-il, voulant savourer au mieux sa victoire.
« J'accepte de boire un verre avec toi ce soir. » Lâchais-je enfin, vaincue publiquement. Lieu et heure de rendez-vous établis, je pouvais enfin me ré-installer sur le canapé et me fondre à nouveau dans la masse.
« T'es vraiment cinglé. » Lançais-je en attrapant ma tasse de café. Il souriait toujours, fier en s'avançant pour partir, et lança :
« Oui mais au moins t'as accepté mon rendez-vous. »" ces dernières années ont été difficiles... mais tu resteras toujours ma grande soeur. "
« Alors, tu as un petit copain ? » Me questionnait ma soeur aînée, un sourire complice sur les lèvres. Nous avions notre petit rituel. Tous les jeudis midi, nous déjeunions ensemble sur le campus. Depuis qu'Aëlys a quitté la maison, nous avons un peu pris de la distance l'une envers l'autre. Ce n'était pas consciemment mais la vie a suivi son cours. Elle n'a jamais compris pourquoi j'étais toujours entrain de ramasser mon père ivre dans la rue et le fait que je sois souvent chez lui faisait qu'on se voyait tout simplement moins. Heureusement, nous avions désormais une occasion de rattraper le temps perdu. Difficile en même temps d'éviter l'assistante du doyen.
« Nan. Enfin, je sais pas trop... » Lui répondis-je. En vue du regard qu'elle m'adressait, j'ai compris que j'en avais déjà trop dit et que sa curiosité avait été attisée.
« On se voit depuis un moment mais il s'est rien passé. C'est juste un gars qui vit dans la confrérie à côté de la maison de papa. » Commençais-je à raconter mon histoire. Je me suis arrêtée net après avoir prononcé le dernier mot. Je savais qu'elle ne voulait plus en entendre parler et cela m'avait échappé. Une légère grimace sur le visage en me rendant compte de ma maladresse, je mangeais une de mes frites en baissant les yeux.
« C'est rien, ne t'en fais pas. Tu peux continuer à m'en parler. Du gars, pas du paternel. » Riait-elle alors pour essayer de détendre l'atmosphère. Ca me rassurait, je ne voulais pas qu'on parte fâchée comme la fois où elle a quitté la maison.
« De toute manière, j'ai un peu du mal à le supporter aussi en ce moment. Il veut que j'arrête de fréquenter ce gars. Alors il est la dernière personne dont j'ai envie de parler... Bref ! » Je pris un croc de mon hamburger puis je viens piquer une frite dans son assiette, petite manie que j'avais eu étant toute petite. Un
hey presque crié sortait de sa bouche. Lui adressant mon plus beau sourire innocent, elle me rejoignit dans un rire. Quand nos éclats de rire se sont calmés, elle abordait sur son visage cette même expression que je connaissais par coeur.
« Ne laisse pas te dicter ta vie, Astoria. Fréquentes qui tu veux. Et puis, s'il est mignon. » M'adressait-elle avec un sourire en coin. Mignon ? Oh,
plus que ça même. Mais elle avait raison. Je devrais suivre un peu plus souvent ses conseils.
« Anaëlle refuse toujours de me parler ? » Me questionnait-elle difficilement. Un autre sujet sensible. Notre soeur cadette. J'étais la seule de la famille à avoir des nouvelles. Je gardais le silence en guise de réponse. Ce fût à son tour de baisser la tête.
Bon sang, sacré famille. « Je lui parlerai. » Ajoutais-je en venant poser ma main sur la sienne en guise de soutien, un sourire réconfortant aux lèvres.
« Ces dernières années ont été difficiles. Mais tu resteras toujours ma grande soeur... » Murmurais-je timidement. Je n'avais encore jamais avoué à ma soeur qu'elle comptait pour moi. Peut-être était-ce le commencement d'une nouvelle relation plus solide ?
" je commence à devenir fou de toi, astoria. "
« Ma mère est morte dans un accident de voiture, à cause de mon père. » Je ne l'avais jamais jugé ouvertement coupable de la situation, jusqu'à ce moment précis. J'étais énervée contre mon père. Cela fait des semaines qu'il se permet de juger mes fréquentations. Des semaines qu'il tente de m'empêcher de
le voir. Il me mets sans arrêt dans des situations gênantes et qui me mettent mal à l'aise. Juste pour
l'éloigner. Je suis fatiguée et lassée. Et je ne sais pourquoi je me dévoile devant lui. Un long soupire s'arrachait de ma gorge alors que je laissais mon pinceau au crin épais s'étaler contre la toile, laissant une longue traîné rouge. Écrasant le surplus de peinture de mon instrument, je le repassais contre ma toile pour estomper cette ligne. Je poursuivais mon histoire sans trop savoir quel en était le but. Je me remémorais chacune de ces dernières années. Difficiles, éprouvantes autant physiquement que mentalement.
« Il avait trop bu, comme tous les soirs. Et il a pas voulu laisser ma mère conduire. » Il s'est approché de moi pour s'installer sur la table à mes côtés. Son regard rivé sur moi, sans un mot. Il me laissait faire. Peut être avait-il compris que j'en avais besoin. Attentif, il me laissait me confier, vider mon sac, m'exprimer. J'ai jamais été très douée pour communiquer et depuis cet événement là il y a dix ans, je me suis encore plus renfermée.
« Il est sans arrêt entrain de juger ma relation avec toi et ça m'énerve car il ne sait jamais occupé de moi depuis les dix dernières années. J'ai tout fait pour lui, j'ai fait tout mon possible pour essayer de garder cette famille unie. J'ai jamais eu le droit à remerciement et aujourd'hui, il se permet de.. Argh ! » Je m'énervais. Au fur et à mesure que je parlais, je sentais tout mon corps bouillonner et trembler. De nerfs, j'ai tracé un long trait sur ma toile, ruinant mon tableau. Faisant valser mon pinceau jusqu'à ma palette de couleur, je suis restée à fixer mon tableau. Le regard perdu. Un deuxième soupire, presque inaudible cette fois-ci.
« Je sais que c'est égoïste mais... J'aimerais commencer à vivre un peu pour moi. » Murmurais-je en baissant la tête. Je n'avais pas versé une larme depuis le décès de ma mère. Je m'étais toujours tenue au fait que je devais être forte pour le reste de ma famille, pour son bien-être. Mais il arrive des moments où on craque. Je lâchais prise.
Il s'est levée pour réduire encore la distance qui nous séparait pour qu'elle ne soit presque plus visible. Glissant sa main sur ma joue, il tournait mon visage afin que nos regards se croisent.
« Alors sois égoïste. Vis. » Ajoutait-il simplement. Son regard, planté dans le mien, me déstabilisait littéralement. Je ne pouvais rien dire d'autres et il ne m'en laissait pas vraiment l'occasion. Son visage s'est rapproché dangereusement, nos lèvres se rencontrant enfin pour la première fois. S'il n'avait pas passé sa main dans le creux de mon dos pour me tenir contre lui, mes jambes auraient vassalisées. C'était une explosion de sensations. Doux. Chaud. Tendre. Sensuel. Envoûtant. Addictif. Mon coeur loupait un battement.
Il s'est lentement détaché de mes lèvres, venant poser son front contre le mien. Nous sommes restés quelques secondes, je ne saurai dire combien, immobiles et les yeux clos, jusqu'à ce qu'il brise le silence par un murmure.
« Je commence à devenir fou de toi, Astoria. »(c) NEIGHBOURHOOD STRIFES. TOUTES REPRODUCTIONS INTERDITES.