MAGDA + i feel the chemicals burn in my bloodstream.

COOL KIDS DON'T DANCE.
L’amour, putain. C’est un sujet plutôt sensible dans ta famille. Le tabou, la phobie. Un mot presque dégueulasse à leur goût, à tous. Il faut croire que cette notion n’a jamais été proprement établie pour que personne ne soit fichu de réellement la comprendre. La vivre. La sublimer. Tes yeux de petite fille en ont été témoins, personne ne sait ce que c'est ça. De ce que tu en crois, c'est probablement toi « personne ». Depuis toute petite, t’étais ce petit rien qui ne pigeait que dalle à l’amour. Que dalle à la vie. Une tradition purement Meadsienne. Tu ne crois pas au destin pourtant, aux malédictions, ce genre de conneries. Tout cela te semble néanmoins tellement prédéfini. Pour être honnête, cela te terrifierait presque. La relation chaotique de tes parents aura probablement été la plus marquante. Elle a griffé ta chair d'enfant jusqu'à en laisser des cicatrices indélébiles. T'as passé ton enfance à être là, en simple spectatrice, à regarder tes parents se déchirer comme un chien abandonné observerait les trains. C’est le genre de choses qui marque au fer rouge. Et ton âme d'enfant ne se sentait alors plus qu'un vulgaire bétail. T'avais pas plus d'importance, t'avais pas plus d'intérêt. Pas plus que ce qu'ils aimaient à qualifier de "problèmes d'adultes". Ce fichu terme qui ne représentait rien d'autre pour toi qu'une météorite dont le seul but était de faire éclater ton petit monde bien rangé. Ce fichu terme qui happait avidement toute l'attention de tes parents, bien plus que ne le faisait leur petite fille qui après chaque dispute se retrouvait seule, au milieu du salon, comme sur un champ de guerre. C’était exactement comme ça que tu le ressentais à l'époque. T’étais comme une petite grenade, paumée sur le champ de bataille. D’ailleurs, si t’avais réellement été une grenade, t’aurais aimé être dégoupillée. Mais ça, personne ne l’a jamais fait pour toi. T'as jamais explosé de ta vie, tu t'es pas laissé faire. T'es pas un volcan toi, t'es qu'une gamine. Une pauvre môme dont la sensibilité s’est peu à peu transformée en détresse, et la méfiance en une réclusion volontaire. Finalement, plutôt que d’être une grenade, t’avais préféré jouer le rôle du soldat qui capitule, et qui s’éclipse dans les tranchées.

TEENAGE DREAM, THE WAY YOU TURN ME ON.
Crouler sous l’argent de ton père, ça te donnait l’impression idiote d’être dédommagée de toutes ces années à avoir la boule au ventre et le cœur serré. Au fond, c'que tu crois, c'est que c’était le résultat recherché. Alors peut-être que tu n’étais plus à plaindre désormais. Ni toi, ni personne. Ta mère (tout du moins, ce qu'il te restait de ce qu'on nomme communément "une mère"), elle trouvait ça pathétique, parce que "c’est pas ça la vie". C'est drôle, elle n’en savait rien de ce que c’était cette chose qu’on appelle "la vie". Tu lui demandais souvent, pourtant. A l’entendre, c’était comme lire un manuel. Ce genre de guide d’installation avec toutes les étapes à suivre. Droit. Carré. Oui mais toi, tu t'es rendue compte très tôt que t’étais le genre de fille à bifurquer. A emprunter les chemins sinueux, et à aimer ça en plus. La monotonie de la vie, tu n’en veux pas. Les schémas préétablis non plus. Tu souhaites juste rendre la vie belle. La tienne, et puis celle des autres aussi. Au fond, t’as toujours fait preuve d’une certaine naïveté, mais là où d’autres y voient un défaut, t’y décèles parfois une certaine qualité. Et c’est à ce moment-là que ta propre définition de la vie intervient. Oui, parce qu’on ne t’a jamais rien demandé à toi, et pourtant, t’en as une idée bien précise. Un schéma un peu brouillon mais authentique. Rien à voir avec la précision de ta mère, celle qui donne froid dans le dos et fait crisser les dents. Pour toi, la vie, c'est synonyme d’objectif, de rêve, de fougue, de passion. De toutes ces choses qui font frissonner les corps, s'échauffer les esprits et se tordre les tripes. T'aimes retrouver de ça dans un peu de tout : le théâtre, la peinture, la photographie. La nature, le jour, la nuit. Le froid, la pluie, l’éclaircie d’un matin d’été. Les petits détails insignifiants qui vous font voir la vie en grand à travers les yeux d'une enfant. Un peu d’elle. Un peu de lui.

THEY'RE IN MY VEINS AND I CANNOT GET THEM OUT.
Elle. Estefania. Ton âme soeur. Ta chair. Ton sang. L'épaule rassurante, l'esprit vaillant, le coeur tendre. Elle est la moitié de toi que les petits déboires de l'enfance n'ont pas meurtrie. Elle a cette force dans ses yeux bleus, de la même puissance que les vagues déchaînées un jour de tempête. Les tiens ne sont encore que le bleu de l'innocence perdue. Elle est ce doux mélange de beauté et de passion, une définition de la vie à elle toute seule. La plus belle, la plus pure. Elle est la main sereine qui t'accompagne, avec douceur et sans relâche. Toujours.
Lui. Gabriel. Avec tout le paradoxe que cela engendre, il est le tremblement de terre qui a stabilisé ta vie. Il est le doigt rassurant qui sèche tes larmes de jeune fille, le bras protecteur qui étouffe tes craintes, le sourire apaisant qui adoucie tes peurs. Il est cet éclat ardent, dans toute sa fougue et sa sincérité, qui accompagne chacun de tes sourires. Mais un éclat aveuglant aussi. Il est le feu qui éclaire mais qui brûle, la flamme délicieuse qui réchauffe les coeurs, la braise insolente qui allume les mèches, la vive étincelle qui attise les foudres. Une douceur incendiaire. Une explosion, un ouragan, une météorite.