max - blame it on the night.

« Prends soin de ta petite soeur. A demain, mon coeur.  »  Ma mère commençait sa semaine de nuit, elle travaillait à l'hôpital et elle m'avait expliqué que son métier ne lui laissait pas le choix. Elle vint déposer un baiser sur mon front et me laissa boudant presque. Lilly était insupportable, elle criait, courrait, mordait, frappait, pleurait.. Et impossible pour moi de passer plus de cinq minutes devant ma console sans qu'elle m'interrompe. Je n'avais la paix que quand elle s'effondrait dans le canapé et autant dire qu'elle avait de la ressource pour un aussi petit bout. Mais étonnamment ce soir là, elle rejoint la table tranquillement. « Tu veux du ketchup ?  » Elle hocha la tête et je lui mettais devant son assiette avant de m'asseoir à mon tour. J'enfournais un gros morceau de steak dans ma bouche, j'avais une faim de loup avant de relever les yeux vers Lilly qui n'avait toujours pas touché à son assiette. « Madhnge.  » dis je difficilement la bouche pleine. Elle releva les yeux vers moi, se tortillant sur sa chaise. Je levais les yeux au ciel en attendant qu'elle crache le morceau. « Tu crois que c'est à cause de moi que papa est parti ? » J'avalais ma bouchée rapidement, c'était toujours un sujet délicat. Maman ne voulait jamais en parler et je ne savais même pas si Lilly savait que nous n'étions pas totalement frère et sœurs. « On en a déjà parlé, tu sais bien que non. Pourquoi tu dis ça ? » Je baissais la tête fixant mon assiette en remuant ma fourchette. Sa phrase m'avait coupé l'appétit. « Clara m'a dit que c'était pas normal de ne pas avoir de papa et que s'il était parti c'était à cause de moi, qu'il ne voulait pas de moi, que j'étais trop laide et méchante. » Lorsque je la regardais à nouveau, ses yeux s'était mouillés. C'était dur pour elle, tout comme ça l'était pour moi. J'aurais aimé connaître mon père, qu'il m'emmène voir des matchs et s'entraînent au football avec moi. Comme je le fais avec le père de Jason, mais voilà ce n'est pas mon père. « Lilly, Clara est une idiote. Ne l'écoute pas, ce n'est pas de ta faute. Tu n'as rien à voir dans cette histoire, Maman et lui ne s'aimait plus. Il est parti, c'est tout. » Les larmes de ma soeur commencèrent à couleur. j'avais peut être été un peu trop dur. Je me levais de ma chaise allant prendre ma sœur dans mes bras. « Maman et moi, on t'aime, on est là et on ne te quittera jamais. C'est le plus important, non ? » Lilly hocha la tête et esquissa un sourire.  « Finis ton repas maintenant. »

« C'était qui ? » me demanda ma mère, interloqué par la tête que je devais avoir. Je ne savais pas comment lui dire ça. « C'était mon père. » Aucune émotion ne filtra sur son visage, enfin peut être la stupeur. Et j'étais aussi surpris qu'elle, jamais je n'aurais pensé entendre la voix de mon père un jour et encore moins le fait qu'il voulait me rencontrer. Après un long moment de silence, ma mère se décida enfin à réagir. « Qu'est ce qu'il voulait ? » Je n'en étais pas sûr moi-même. C'était bizarre après aussi longtemps d'absence pourquoi maintenant ? « Me rencontrer. » dis je en haussant les épaules. J'étais chamboulé, je ne savais même pas quoi ressentir. « Et tu vas le faire ? » J'avais été tellement abasourdi par son appel que j'avais dit oui. Il était en ville pour quelques jours et il m'avait proposé un café demain après midi. J'hochais la tête et ma mère esquissa un sourire avant de venir me prendre dans les bras. « Je suis contente qu'il t'ai appelé. Il va être époustouflé de voir l'homme que tu es devenu. » dit elle en m'embrassant le front. Je ne m'attendais pas du tout à cette réaction. J'avais pensé à des larmes et pas mal de cris mais elle avait réagi sereinement et heureusement, j'étais déjà assez chamboulé par toute cette histoire.

« Alors ? » A peine passé la porte, ma mère m'harcela de question, le visage tiré par l'inquiétude qui se détendit instantanément quand elle vit mon sourire. Ouais, ça s'était plutôt bien passé. J'avais passé tellement d'années à le détester qu'il ne restait pratiquement plus de ressentiment. J'étais juste reconnaissant de pouvoir enfin connaître mes origines puis il était plutôt cool. Son élégance m'avait étonné, bien loin des peu de souvenirs que j'avais de lui. Fallait croire que quitter sa famille l'avait réussi, il était à la tête d'une entreprise qui marchait plus que bien, sa vie semblait parfaite et je ne comprenais pas pourquoi il avait tout ces kilomètres juste pour moi. Je ne serais qu'un poids mort dans sa vie parfaite mais il semblait vouloir racheter toutes ses années perdues. Il prévoyait de s'installer à Hamilton, où son entreprise avait récemment ouvert une firme et m'avait même proposé de financer mes études. Je savais très bien qu'il comptait sur l'argent pour que je le pardonne et malgré mes scrupules à accepter sa proposition, je n'avais pas d'autre choix. Jamais une telle occasion se représenterait. Je l'avais donc saisi, sans aucune hésitation. C'était un véritable compte de fée, certainement le plus beau jour de ma vie. J'avais un avenir, sans avoir besoin de saigner ma mère ou de me déguiser en hot god pour financer mes études.

J'intégrais donc l'université d'Hamilton pour étudier le marketing. Le seul compromis que j'avais réussi à faire que ce soit avec ma mère ou avec mon père. Ce n'était pas ce que je voulais initialement faire mais je m'étais résigné. Je pourrais tenter ma chance plus tard et j'aurais un master en poche. J'intégrais les Kentavroi dès ma première année, j'y trouvais une seconde famille. Si bien que je n'ai aucune envie de quitter la fac et pourtant je vois bientôt la fin de mon master arrivait..